Cameroun : l’APPO clôt son 46e Conseil des ministres par un appel aux 18 pays membres à fournir leur part de capital pour le lancement de l’AEB
Le Conseil des ministres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), réuni en sa 46e session ordinaire à Yaoundé le 1er novembre, a maintenu le cap pour le démarrage des activités de la Banque africaine de l’énergie au premier trimestre 2025
Les responsables gouvernementaux des 18 pays membres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), réunis à Yaoundé le 1er novembre 2024 dans le cadre de la 46e session du Conseil des ministres de l’Organisation, ont achevé leurs travaux en insistant sur la nécessité des différents Etats de payer leurs souscriptions pour implémenter la Banque africaine de l’énergie (Africa Energy Bank en anglais, AEB).
“Le Conseil a appelé tous les pays membres de l’APPO à assurer leur souscription et un paiement rapide de leur quote part alloué dans la banque”, a indiqué Bruno Jean-Richard Itoua, dans le communiqué de presse publié à la fin des travaux vendredi 1er novembre en soirée. Le ministre des Hydrocarbures du Congo a présidé les travaux, ouverts plus tôt en matinée par le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute, qui représentait le chef de l’Etat Paul Biya. M. Dion Ngute a assuré de la détermination du Cameroun – pays fondateur de l’APPO – à accompagner l’Organisation dans ses réformes et ses projets pour la souveraineté énergétique du continent africain.
Le projet phare de l’APPO, l’AEB, devrait être lancé au premier trimestre 2025, comme indiqué par Energies Media en semaine. Bruno Jean-Richard Itoua l’a réaffirmé au cours de la conférence de presse qui a suivi les travauux. Signé en juin 2024 par l’APPO et Afreximbank (partenaire du projet), l’accord d’établissement de cette banque envisagée en 2020 et sa Charte nécessitaient la signature et la ratification par au moins deux des 18 Etats membres de l’APPO pour que le traité portant création de l’AEB entre en vigueur. C’est désormais chose faite!
Part de chaque pays
“Avec la signature et la ratification de l’accord d’établissement et la charte de la Banque par deux pays, à savoir la République du Ghana et la République fédérale du Nigeria, le traité portant création de la Banque est effectivement entré en vigueur”, a appris Energies Media à travers le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres de l’APPO organisé à Yaoundé.
Cette étape franchie, les Etats membres sont appelés à payer leur quote-part pour former le capital de la Banque, arrêté initialement à un montant de 5 milliards de dollars. Selon les chiffres de l’APPO consultés par Energies Media, chaque Etat devrait payer 83,33 millions de dollars américains comme frais de souscription au capital.
Mais l’AEB ne démarrera pas avec ce montant. Elle devrait commencer avec un budget d’une fourchette comprise entre 250 et 500 millions de dollars. Sur ces fonds, outre le financement propre de l’APPO et d’Afreximbank, 99,953 millions USD ont déjà été accordés par trois Etats : Angola (10 millions USD), Ghana (20,83 millions USD), Nigeria (69,12 millions USD). Cinq autres pays ont fait des engagements, notamment l’Algérie, le Bénin, le Congo, la Guinée équatoriale, la Côte d’Ivoire.
“Nous avons fixé un budget de démarrage qui permettra à la Banque, dès le début, de disposer de ressources pour lancer ses opérations assez rapidement. Nous avons déjà mobilisé 40% de ce budget de démarrage mais nous sommes confiants dans le fait que les différents pays membres pourront remplir rapidement leurs obligations. C’est notre décision commune. Ce sont les 18 qui ont décidé, ça n’aurait pas de sens que nous ayons décidé cela et que nous n’ayons pas des actes subséquents […] Tous les pays sont mobilisés”, a expliqué le ministre des Hydrocarbures du Congo.
Pas de retour à “l’âge de la pierre taillée”
Trois catégories d’actionnaires (classés en catégories A, B, C) pourront intégrer la Banque : l’APPO et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) qui sont les fondateurs, les pays membres de l’APPO; les pays africains non membres de l’APPO mais qui consomment tous l’énergie et qui seraient intéressés par le projet; les institutions non étatiques et non africaines, a détaillé Bruno jean-Richard Itoua. “Nous sommes sollicités par des acteurs non africains qui piaffent d’impatience de venir nous rejoindre au sein de cette banque”, a-t-il renchéri.
L’AEB a été initiée pour faire face au déficit de financement dans l’industrie pétrolière et gazière africaine. Ce déficit est accentué par la transition énergétique mondiale et les considérations climatiques et environnementales de nombreux bailleurs de fonds étrangers qui ont décidé de ne plus financer les hydrocarbures qui seraient responsables à plus de 75% des émissions de gaz à effet de serre.
L’Afrique, continent le moins développé (plus grande proportion des pays les moins avancés), le moins pollueur (officiellement moins de 10% des émissions mondiales de carbone) et le moins éclairé (600 millions de personnes sans accès à l’électricité, près d’un milliard de personnes privées de solutions énergétiques modernes), défend le droit d’exploiter ses ressources naturelles pour financer ses besoins de développement. “Nous n’allons pas retourner à l’âge de la pierre taillée”, a commenté un ministre présent à la réunion de l’APPO du 1er novembre à Yaoundé.
La prochaine session du Conseil des ministres de l’APPO est prévue au Congo, au quatrième trimestre de l’année 2025. Après Adolphe Moudiki, plénipontentiaire du Cameroun à l’APPO et par ailleurs administrateur-directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), la présidence de l’APPO sera assurée en 2025 par le ministre des Hydrocarbures du Congo Bruno Jean-Richard Itoua. Il travaillera avec Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Energie – en qualité de vice-président.
L’APPO, organisation créée en janvier 1987 à Lagos au Nigeria pour une plus grande coopération de ses membres, compte aujourd’hui 18 Etats, soit la quasi-totalité des pays africains producteurs de pétrole (99% de l’offre pétrolière du continent selon les statistiques de l’Organisation). Parmi ces pays, on retrouve l’Algérie, l’Angola, le Bénin, le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo, le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Egypte, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Ghana, la Libye, la Namibie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud.