Cameroun : Lancement des 16 jours contre la violence numérique

Yaoundé donne le coup d'envoi de la 19e campagne mondiale, axée sur la lutte contre le harcèlement et l'abus d'images en ligne contre les femmes et les filles.

Cameroun : Lancement des 16 jours contre la violence numérique
Cameroun : Lancement des 16 jours contre la violence numérique

Le Cameroun se Mobilise Contre la Cyberviolence

Yaoundé, le 25 novembre. Le Cameroun a officiellement donné le coup d'envoi de la 19ᵉ édition de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles ». Cette initiative, qui s'étend symboliquement de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre) à la Journée internationale des droits de l’homme (10 décembre), place cette année la violence numérique au cœur de ses préoccupations.
Sous le thème percutant « Unis pour mettre fin à la violence numérique à l’égard de toutes les femmes et filles », la campagne vise à sensibiliser le public à l'ampleur des abus en ligne et à promouvoir des stratégies concrètes de prévention et de soutien aux victimes.

Un Fléau Mondial aux Conséquences Locales

La violence contre les femmes demeure la violation des droits humains la plus répandue à travers le monde. Avec la digitalisation croissante, cette violence a trouvé un nouveau terrain d'expression : l'espace numérique. Les statistiques mondiales sont alarmantes, révélant qu'entre 16 % et 58 % des femmes sont victimes de violence numérique, et que 85 % ont été témoins ou victimes de harcèlement en ligne.
Au Cameroun, ce fléau se manifeste sous diverses formes, notamment le harcèlement, le pistage, l’usurpation d’identité et l’abus d’images ou de vidéos sur les réseaux sociaux. Les femmes particulièrement visibles en ligne, telles que les journalistes, les militantes et les politiciennes, sont des cibles privilégiées, mais aucune femme n'est épargnée.

L'Appel du MINPROFF et l'Arsenal Légal

Organisée par le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), en collaboration avec des partenaires clés comme AFIRI et l'UNFPA, la cérémonie de lancement a été l'occasion pour la Ministre Marie Thérèse ABENA ONDOA de réaffirmer l'engagement du gouvernement.
La Ministre a salué la mobilisation des institutions et des partenaires, tout en rappelant l'existence d'un cadre légal pour lutter contre ces abus. Elle a notamment cité la Loi sur la cybersécurité (2010), la loi de protection des enfants en ligne (2023), et le projet de loi spécifique contre les violences faites aux femmes et filles. Elle a souligné l'urgence de sensibiliser, renforcer les sanctions et sécuriser l’espace numérique afin de garantir que chaque femme puisse s’exprimer librement, sans crainte, en ligne comme en public.

Partenariats et Solutions Concrètes

La table ronde d’ouverture a réuni un éventail d'experts du numérique, de la police, de l'éducation et du secteur privé. Des acteurs majeurs comme Orange Cameroun, Camtel et l’ANTIC ont présenté des outils de protection et des initiatives de sensibilisation.
De plus, des dispositifs de soutien aux victimes ont été mis en avant, notamment le Réseau des survivantes anonymes et une plateforme de prise en charge en ligne, renforçant ainsi le filet de sécurité pour celles qui subissent ces violences.
Cette campagne ambitieuse s'articule autour de six principes fondamentaux, incluant le fait de centrer les survivantes, de garantir la sécurité numérique, de promouvoir l’inclusion, de renforcer le leadership féminin et des jeunes, de valoriser les associations de défense des droits et de s’attaquer aux causes profondes de la violence.
Pour le MINPROFF, le message est clair : aucune femme, aucune fille ne doit craindre d’exister ou de s’exprimer en ligne. Le Cameroun lance un appel à tous les acteurs – gouvernement, société civile, hommes et garçons – à unir leurs forces pour transformer l’espace numérique en un lieu sûr et libérateur.