Seppo, l’étoile née des eaux : l’âme vibrante du makossa moderne
Entre tradition et modernité, la voix d’une guerrière qui danse avec son destin
Son arrivée fut annoncée par une tempête. Née sous une pluie battante, un jour de neuvaine, Seppo a traversé la maladie, le doute, et les épreuves pour devenir l’une des voix les plus envoûtantes du makossa contemporain. Fille Sawa, bercée par les balafons et les chants traditionnels de son père, elle incarne aujourd’hui le pont entre l’héritage musical camerounais et son évolution. Portrait d’une artiste prédestinée, dont la musique pulse au rythme de ses combats.
Dès l’âge de trois ans, Seppo fuyait la maison familiale pour une seule destination : les répétitions du groupe de son père, pilier de la scène traditionnelle du canton Belé-Belé. Les mélodies s’imprégnaient en elle comme une seconde peau, tandis que son corps frêle luttait contre la maladie. "Kirikou", la surnommaient ses proches – une petite guerrière dont les yeux brillaient même dans la fièvre.
"Je dansais avant même de savoir marcher sans trembler", confie-t-elle. Entre fragilité et résilience, Seppo a forgé son art dans l’adversité, transformant chaque épreuve en vibration musicale.
Le makossa, genre emblématique du Cameroun, est souvent associé à des légendes comme Manu Dibango. Mais aujourd’hui, une nouvelle génération porte ce patrimoine, et Seppo en est l’étendard. Son "wave makossa" mélange les influences ancestrales et les sonorités urbaines, sans jamais trahir l’essence du genre.
"Je ne veux pas imiter, je veux faire vivre", explique-t-elle. Ses compositions, à la fois enracinées et novatrices, séduisent autant les aînés que la jeunesse. Car chez Seppo, la tradition ne se musée pas – elle danse, elle respire, elle se réinvente.
Comment ne pas croire au destin quand on écoute son histoire ? Née des eaux du Wouri, survivante là où sa jumelle a succombé, Seppo semble guidée par une force invisible. Son chant n’est pas qu’une performance, c’est une invitation : à ressentir, à se souvenir, à espérer.
"Quand je chante, je parle à ceux qui ont cru en moi, mais aussi à ceux qui ont douté", lance-t-elle, un sourire mystérieux aux lèvres. Son énergie sur scène est contagieuse – comme si chaque note était un défi lancé au sort.
Seppo ne monte pas sur scène pour conquérir, mais pour partager. Elle ne revendique pas le titre de reine – pourtant, le makossa d’aujourd’hui porte indéniablement sa marque. Entre héritage sacré et souffle nouveau, elle trace sa route, inarrêtable. Une chose est sûre : cette étoile née sous la pluie ne s’éteindra pas de sitôt. Et le monde musical a tout intérêt à tendre l’oreille.