INTRODUCTION A LA SPIRITUALITÉ EN AFRIQUE Par Théophile Obenga et Doumbi Fakoly

"L'humanité étant née en Afrique, c'est le continent africain, Kemet, qui voit naître pour la première fois la religion. Durant l'antiquité africaine, en Nubie, la première religion, qui était monothéiste, apparaît avec le culte de Dieu, sous son nom de Râ appelé aussi Amon ou Atoum, entre autres.

INTRODUCTION A LA SPIRITUALITÉ EN AFRIQUE Par Théophile Obenga et Doumbi Fakoly

 Quelque centaines d'années plus tard, en basse-Égypte, le pharaon Aménhotep IV ou Akhenaton, privilégie dans le monothéisme égyptien, le nom de Dieu Atona-Ankh, qu'il symbolise avec le soleil qui dispense la vie, et que nul peut atteindre.Face à la multiplicité des noms de Dieu dans l'Égypte antique, chaque pharaon, selon sa sensibilité, préféra privilégier tel ou tel nom de Dieu. Les divers noms de Dieu sont présents selon ce que l'on considère comme ses diverses manifestations, ses caractères. C'est ainsi que dans la religion africaine, Dieu est considéré comme androgyne, à la fois mère et père de l'humanité et de la création. Dans l'islam Dieu, nommé Allah, porte 99 noms, le 100ème étant inconnu, et il est libre à chacun de le nommer parmi ses 99 noms. C'est héritage de la multiplicité des noms de Dieu de l'antiquité Égypto-Nubienne.

Tout comme la Grèce Antique pour l'Europe, l'Égypte antique étant la base de toutes les traditions africaines actuelles, les religions africaines modernes découlent de la religion africaine antique, dont le vodoun, le bwiti, etc. Toutes les religions africaines traditionnelles descendent directement de la religion antique. Il a été prouvé que la religion de l'Égypte antique est la principale base des trois religions Abrahamiques. La plupart des religions africaines traditionnelles sont souvent considérées, à tort, comme des religions polythéistes. Ce que l'on prend pour des Dieux ne sont que des hypostases de l'entité suprême, ou des ancêtres "divinisés". Ceci peut être observé dans toutes les religions, avec les dévotions dues aux saints, la reconnaissance des hiérarchies célestes, appelées communément anges, archanges, etc. Il n'y a jamais qu'un Dieu qui est considéré comme le seul Dieu digne de ce nom, par exemple, le dieu Amma des Dogons du Mali, ou le dieu Rog des Sereres du Senegal, le dieu Mawu de la religion Vaudou, le Dieu Nzambé des Bakongo, Nyamé des Fangs, etc. Dans la religion africaine antique, les hypostases portaient le nom de Neteru, d'où les Ausar (osiris), Djehuty (Thot), Heru (Horus), etc. Issu de Dieu l'unique, au même titre que le reste de la création. Les religions africaines moderne gardent les mêmes schémas, les Neteru de la religion antique, porte le nom de Shango chez les vaudou, Ngolo chez les Bantous, de Nommo chez les Dogons, etc. La religion africaine, par rapport aux autres spiritualités, est surtout marquée par la pratique du "Culte des Ancêtres", la croyance en la Réincarnation, le matriarcat, le totémisme, l'androgynie et l'impartialité de Dieu, les sociétés initiatiques.Relation a Dieu et aux ancêtres:Le "culte des ancêtres", dans la religion africaine, représente certes une composante importante, mais ne constitue pas l'essentiel de la pratique, contrairement a ce qu'il en est généralement conclut.

Seules les sanctifiés, conformément aux lois imposer par Dieu, bénéficie du statut d'ancêtres dans l'au-delà. Bénéficier du statut d'ancêtre, signifie que non seulement l'âme de l'individu a réussi à rejoindre la demeure divine, par ces bonnes actions sur terre, et qu'il a la possibilité de participer à la vie de sa famille restée sur terre, afin de les assister. Le pouvoir de bienveillance.C'est ce qui explique les prières d'hommage et d'honneurs, aux ancêtres, que les partisans de la religion africaine, partout ou il se trouvent encore sur le continent, font.Les prières au ancêtres s'explique par plusieurs faits:Pour la religion africaine, en général, Dieu n'intervient pas dans les affaires humaines, il n'est pas responsables des péripéties du destin, qui est le fruit des individus, possédant le libre arbitre. Sa nature est considérer comme trop pure, pour s'occuper des affaires d'êtres humains ou animaux, de nature inférieur et moins pure. Il a déléguer la gestions des affaires humaines aux ancêtres sanctifiés, a certains esprits choisit, ou a ses hypostases.Cependant, Dieu peut être invoquer directement, mais de façon rare, en dernier recours, dans l'attente qu'il intervienne. Dans la religion africaine, il existe le plus souvent, que des prières d'hommage et d'adoration pour Dieu. Par contre l'ancêtre reçoit les prières de demande, mais jamais d'adoration qui sont réservés a Dieu.Dieu considéré comme trop élevé de par sa nature supérieur, n'est pas invoqué par respect, d'où la phrase couramment dite dans la religion africaine: "Celle ou celui qui pense pouvoir Invoquer L’ÊTRE CRÉATRICE/CRÉATEUR est un fou". En effet, invoquer directement Dieu est considéré comme un blasphème. Voila pourquoi les ancêtres sanctifiés, sont les intermédiaires entre Dieu et les humains.Les ancêtres ne sont pas considérés comme des morts.

On ne dira jamais d'un individu qu'il est mort. Ont dira qu'il est passé dans l'autre monde. Seul le corps physique qui abritait l'âme meurt. Pour beaucoup, le terme "culte des ancêtres" est inapproprié.Cette vision et perception des ancêtres, de l'au-delà, est un héritage direct de la pensée spirituelle de l'Égypte antique, où les ancêtres sanctifiés dans l'au-delà étaient nommés Akhu. La hiérarchie ontologique propre à la cosmogonie de la religion africaine est un legs de la cosmogonie égyptienne:Le Démiurge inengendré et créateur de toutes choses (Amon la force vitale cachée, invisible, en Égypte antique, Amma chez les Dogons, Imen ou Imana au Rwanda-Burundi, Nzambé, etc)les forces intermédiaires issues du plan Divin, (Néterou egyptiens, Shango Vaudou, Nommo Dogons), puis les ancêtres justifiés.Suivent les hommes, animaux, végétaux, minéraux, etc.la relation à la création:Dans la spiritualité africaine, chaque entité constituant les règnes végétal, animal et minéral dispose d'une parcelle Divine. Le Divin est perçu omniprésent dans toute sa création, étant la force vitale. La plante, la pierre, l'animal, l'homme, n'est qu'un corps physique qui renferme une partie de la Divinité. Tout baigne dans un ensemble cosmique. Seule la notion du bien est l'essence qui fait perpétuer la création, qui assure l'harmonie cosmique, et le salut de chaque individu dans l'au-delà. C'est ce qui explique le totémisme de la spiritualité africaine.

Le clan, la famille, l'individu, dans le souci de participer à l'harmonie cosmique, nouera alliance avec une entité de la création. Une alliance avant tout mystique, tous baignant dans cette force vitale transcendante. Toujours dans le but d'instaurer l'harmonie cosmique, magnifier la grandeur de la création Divine, les festivités liés aux saisons, aux astres, aux phénomènes naturels, agraires, sont courantes dans la religion africaine.Cette norme du bien, à l'échelle humaine sociale comme cosmique, est issue du concept de Maat de l’Égypte antique, Meï, Meyi, Maa, Maaty, dans les langues africaines moderne. Le principe de Ubuntu chez les Bantous. La justice, la vérité, l'ordre, la vie, toutes ces vertus, constituent ce qui assure l'harmonie cosmique et l'accès de chacun à la vie éternelle (paradis). Contrairement à l'injustice, le mensonge, le désordre, la mort, qui assurent le déséquilibre total et la mort est souffrance de l'âme (L'enfer). Ainsi, à chaque volonté d'utiliser plantes, être vivants, minéraux, pour se nourrir, soigner, se vêtir ou construire, au préalable prières ou offrandes sont de rigueur. Autrement, il y a blasphème, car la force vitale incorruptible transcendante est partout. Il y a certains pays et peuples, ou l'ont peut observer des véritables résistances, parmi les pratiquant de la religion africaine, et qui ne laisse place a aucun syncrétisme. Tel est le cas au Bénin, ou les pratiquant de la religion africaine sont majoritaire, ainsi que dans de nombreux pays du golfe de Guinée, par les peuples Fon-gbe, Ewe, Yoruba en particulier, avec le Vodoun. Au Cameroun chez les Bamilékés et les Bamouns.Au Gabon, chez une partie des Fangs, des Mitsogo, avec le Bwiti.Au Mali, de nombreux Mandingues, surtout Malinkés et Bambaras et Dogons, sont demeurés de religion africaine.Au Sénégal, chez les Sereres, Diolas, les ethnies de la région oriental, les Badiarankés, nombreux sont ceux restés a la religion africaine.En Afrique Central, parmi la grande nation des Kongos, du groupe Bantous. Chez les peuples Nilotes de la vallée de l'Omo, Dinka, Nuer, Hamer, Nyangatom, ect. Les divers groupes masaïs vers le Kenya et la Tanzanie.Chez les Shonas en Afrique austral.

Il existe des communauté Vodoun, qui ne pratique pas le syncrétisme, en dehors de l'Afrique, en Haïti et au Brésil. Il y a également le courant Kemit, dans la Diaspora africaine comme en Afrique. Kémit en rapport a Kemet, nom donner à l'ancienne Égypte par les égyptiens anciens signifiant la terre des noirs. 

Il s'agit de la religion africaine, ou les noms des éléments qui la compose, sont repris de la religion égyptienne antique, car le schémas reste le même" !!!

Sources :

-Théophile Obenga, La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère, Paris, L’Harmattan, 1990.

-Doumbi Fakoly, L'Origine négro-africaine des religions dites révélées, Éditions Menaibuc, Paris

(Théophile Obenga)