Opinion: autopsie de la MÉDECINE CAMEROUNAISE OU L'ÉPOUVANTE D'UN GRAND CORPS MALADE ? Par Ruben Malick Noubissie
Dans une tribune avec le verbe dont lui seul a le secret, le journaliste scrute avec dextérité et clairvoyance le diagnostic de la santé publique au Cameroun et de celui qui l'incarne le ministre Manaouda Malachie.
Le Cameroun serait-il malade de sa médecine au point ou l'échec du système de soins n'est plus un secret ?
Des prouvés et immunités médicales aux déconnexions entre les besoins et l'offre de soins en passant par la faiblesse ou l'inexistence des statistiques fiables sur la santé au Cameroun, sans oublier le manque d'équipements, la médecine camerounaise est agonisante.
L'heure est grave et les médecins le vivent tel un grand malaise. Une épreuve longue, douloureuse et interminable qui se réédite à chaque contact avec le patient, tant qu'il est vrai que le pourrissement du système des soins a créé une crise de confiance devenue prégnante entre le corps médical et la société camerounaise. La chaîne médicale gangrène sur l'autel du clientèlisme de certains pratiquants. Les soins de santé primaires, secondaires et tertiaires confondus dans un imbroglio qui fait de l'hôpital un égout serviteur d'exutoire ou les gens malades n'y vont que lorsque les symptômes sont sévères. Une nausée si durement manifestée tant par les malades que les soignants avec le mérite d'être clair. Qui pour porter le chapeau de ce malaise social si ce n'est Manaouda Malachie, ministre de la santé et dont le travail consiste entre autre à œuvrer à l'organisation de la prévention et des soins, à la recherche et à l'innovation dans le domaine de la santé. La quasi-totalité des médecins spécialistes, pour ceux qui n'ont pas choisi le chemin de l'exil délestent les hôpitaux publics de leurs services au profit des cliniques privées. Certains poussent le bouchon plus loin en recrutant des démarcheurs postés aux alentours des hôpitaux publics pour orienter les malades vers les cliniques privées. C'est ainsi que vous pouvez vous rendre compte que dans certains hôpitaux publics, vous pouvez attendre des semaines pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste. D'où la crise de confiance évoquée plus haut entre la population et le corps médical qui, selon le serment d'
Ainsi, le laxisme de l'état conforté par le mauvais traitement du corps médical n'a concouru qu'à rendre le médecin insensible à la pratique de l'art médical. Car la valeur de soins n'est plus pérennisée dans le temps. La recherche médicale presque inexistante ainsi que le renouvellement de la pratique médicale. Ce qui rendrait impossible toute tentative de réconciliation entre la profession médicale et la société camerounaise résolument tournée à tort ou à raison vers la pharmacopée. Pourtant, la société demande un renouvellement du système de soins qui devrait codifier à la fois la recherche, la clinique, la santé publique et la bioéthique. Ce qui garantirait au peuple ce sentiment de sécurité sur quoi veille le ministre de la santé.