Région de l’Ouest : Campagne dépistage et traitement gratuits du cancer du col de l’utérus

Région de l’Ouest : Campagne dépistage et traitement gratuits du cancer du col de l’utérus
Hôpital régional de Bafoussam

Ce projet de dépistage et de traitement gratuits du cancer du col de l’utérus a commencé dans la ville de Bafoussam depuis le 04 Septembre 2023. C’est un partenariat entre les hôpitaux universitaires de Genève et l’hôpital régional de Bafoussam à travers le ministère de la santé publique.

Le cancer du col de l’utérus est une néoformation maligne qui altère les cellules du col de l’utérus, le plus souvent, muqueuses et exo-cervicales. Cette affection commence par la lésion précancéreuse du col de l’utérus, anomalie épithéliale, asymptomatique et bénigne, mais pouvant se transformer en cancer invasif en absence de prise en charge adéquate. La cause de ce cancer, c’est le Virus du Papillome Humain ou le Human Papillomavirus en anglais. Ce virus, il y’a plus de 200 types, mais parmi les 200 types on a que 10 types qui causent le cancer du col de l’utérus.

Le cancer du col de l’utérus représente le quatrième cancer de la femme dans le monde après le cancer du sein, du colo-rectum et du poumon. Dans les pays à faibles ressources, le cancer du col de l’utérus est la deuxième cause de décès par cancer chez la femme, après celui du sein. Cette maladie sexuellement transmissible se développe très lentement sur une période variant de 10 à 20 ans et offre par conséquent un long délai pour le dépistage. Selon Globocan en 2018, au Cameroun, on estimait à 2 350 le nombre de cancers du col de l’utérus et à 1 540 le nombre de décès par an (65,5 %). Le cancer du col de l’utérus c’est le seul cancer qu’on peut éviter parce qu’on connaît la cause. Cependant, il constitue un véritable problème de santé Publique au Cameroun.

« Le cancer du col de l’utérus est essentiellement transmis par voie sexuelle à 90%. Les 10% restant, ce sont les objets souillés échangés entre les personnes tels que les sous-vêtements, les serviettes. » déclare KANMOGNE Yvonne, infirmière diplômée d’état spécialisée en santé de reproduction à l’Hôpital Régional de Bafoussam. Et de poursuivre : « En réalité, il n’y a aucune manifestation avant cancer, mais lorsqu’on présente certains symptômes, on peut déjà soupçonner la présence du cancer. Les symptômes sont entre autres : les saignements en dehors du cycle normal ; les saignements après un rapport sexuel. Au vu de ces signes, il faut consulter le médecin.  Il y’a des écoulements vaginaux (leucorrhées) qui ne répondent pas au traitement et ces écoulements ont une odeur nauséabonde. En plus de tous ces symptômes, on a la douleur. Comme facteur de risque, on a la multiplicité des partenaires ; l’âge du premier rapport sexuel ; la multiparité (ici, il s’agit des femmes qui ont déjà accouché plus de cinq fois), il y’a le VIH et le tabac. »

Le dépistage

Cette campagne de dépistage et traitement du cancer du col de l’utérus se situe à deux niveaux : la prévention primaire qui est la vaccination des enfants de 09 à 14 ans, filles comme garçons qui ne sont pas encore sexuellement actifs et la prévention secondaire qui concerne le dépistage. Les conditions pour se faire dépister sont entre autres :  la femme ne doit pas être enceinte ; elle ne doit pas être en train de saigner ; elle ne doit pas être en train d’utiliser des produits dans le vagin.  En effet, pour réaliser le dépistage on prélève les sécrétions cervicales (PCV) qu’on conditionne et qu’on met dans la machine pour analyse.  Les résultats produits présentent non seulement le Virus, mais aussi les types de virus qui causent le cancer. À 18 ans, 20 ans, après 49 ans même c’est possible de se faire dépister.

« Lorsque les patients arrivent dans cette unité, notre équipe procède d’abord à une causerie éducative. Nous prenons du temps pour leur expliquer ce qu’est le cancer, le mode de transmission, les symptômes, les facteurs de risque et les symptômes qu’on peut avoir avant cancer. Après cette causerie éducative, on passe à l’enregistrement, ensuite le prélèvement.  Après le prélèvement il y’a l’analyse. Et après l’analyse, si le résultat est négatif, si le HPV est négatif et que le test du VIH est négatif, le rendez-vous c’est après 05 ans. Après 05 ans pour le suivi, parce que ce virus (HPV) peut faire 10 à 15 ans dans l’organisme humain sans toutefois se manifester. Donc on se dit qu’au moment où le patient se fait dépister le Virus est peut-être présent mais n’a pas encore commencé à se manifester, et que durant les 05 ans s’il se réveille il pourra déjà commencer à se manifester et créer des problèmes.  Si le HPV est négatif et que le patient est porteur du VIH, le rendez-vous c’est 03 ans après parce que le VIH affaiblit le système immunitaire, et à cause de cela le patient peut facilement développer le cancer.  Si le test HPV est positif, il y’a un autre examen gynécologique qu’on doit faire. Si lors de cet examen l’on constate qu’il y’a des lésions précancéreuses, il y’a des moyens de détruire ces lésions précancéreuses pour qu’elles n’évoluent pas en cancer. Si lors de l’examen avec HPV positif il n’y a pas de lésions précancéreuses ce qu’il y’a lieu de faire c’est de donner un rendez-vous pour le suivi après un an. » précise KANMOGNE Yvonne, spécialiste en santé de reproduction à L’hôpital Régional de Bafoussam.

Le traitement

« Ce qu’on fait dans le projet, c’est la prévention.  Ce qu’on recherche, c’est des lésions précancéreuses. Et nous sommes capables d’arrêter l’évolution de ces lésions précancéreuses, pour que ça ne progresse pas au niveau de cancer. » déclare encore KANMOGNE Yvonne ; et d’ajouter : « Dans ce projet, le traitement consiste d’abord à faire le dépistage. Si jamais il y’a HPV positif, on a d’autres examens gynécologiques qu’on fait, si au terme de ces examens gynécologiques on trouve qu’il y’a des lésions précancéreuses, nous avons l’appareil de dermo-ablation qu’on utilise pour arrêter l’évolution de ces de celles-ci ».

Les statistiques

« Concernant les statistiques, à ce vendredi 26 janvier 2024, nous sommes à 540 femmes dépistées, parmi elles on a 92 HPV positif et parmi ces 92 HPV positif,  on a eu 2 cas de cancer invasif qu’on est en train de prendre en charge dans le programme » révèle KANMOGNE Yvonne, Infirmière diplômée d’Etat, spécialiste en santé de reproduction à l’Hôpital Régional de Bafoussam .

Toutes les femmes sexuellement actives, âgées de 30 à 49 ans devraient se faire dépister, avant fin Août 2025, date de clôture du projet. C’est entièrement gratuit avec prise en charge. Le traitement du cancer du col de l’utérus coûte excessivement cher. Quand un cancer est dépisté, il y’a d’abord le bilan pré-thérapeutique, il y’a la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie qu’il faut faire. Mieux vaut prévenir pour ne pas arriver au niveau cancer.

Adèle BITGA / ECHO SANTE